Alexandre, instructeur LSF à la MAS Lucie Nouet


J’ai commencé à travailler à la MAS Lucie Nouet en 2001 comme comptable. En 2005, le directeur de l’époque a réalisé l’intérêt que pouvait apporter aux résidents la pratique et l’enseignement de la LSF, tant auprès des usagers que du personnel.

Sourd de naissance, j’ai tout de suite été intéressé pour passer une Licence Professionnelle d’Enseignement de la Langue Des Signes Française (LSF) en Milieu Scolaire.  La formation m’a été accordée. Après avoir obtenu le diplôme, je suis devenu référent de LSF pour les résidents sourds et Sourd aveugle. Lors d’une formation avec le CRESAM J’ai rencontré et échangé avec des personnes atteintes du syndrome d’Usher, ils m’ont appris la langue des signes tactiles.

C’est un peu grâce à la découverte tardive de ce syndrome que je me suis trouvé une nouvelle voie, une nouvelle vie, et que j’ai fait de nouveaux choix. C’est pour cela que je crois bien comprendre les gens atteints de maladies ou de syndromes car je partage la même expérience d’apprentissage et d’acceptation de soi.

La prise en charge individuelle des résidents se déroule systématiquement dans l’atelier communication gérée par une seule et même personne. Lorsqu’on évoque la « communication », l’image qui s’impose est celle d’information circulant en signant entre deux ou plusieurs interlocuteurs. Mais les séances peuvent avoir différentes thématiques, revue de presse, contes… J’assure aussi la transmission, en traduisant ou en signant tactilement, des éléments médicaux ou sociaux qui concernent directement les résidents.

La compréhension de la LSF permet à “l’élève” et à “l’enseignant”.de s’engager sans inhibition vers une communication gestuelle avec des interlocuteurs sourds Mais aussi avec des personnes entendantes étrangères n’ayant aucune langue commune avec l’élève pour communiquer oralement. La langue des signes élargit actuellement son public, des essais sont en cours avec des personnes autistes ou ayant fait un AVC. D’ailleurs, et parallèlement, j’assure des heures d’enseignement de la LSF dans de grandes écoles : Sciences Po Paris et Polytechnique.

La langue des signes, avec son vocabulaire, sa grammaire, sa conjugaison est une vraie langue. Il est important que le plus grand nombre puisse s’en saisir et ainsi permettre aux résidents de s’exprimer avec tous et d’éviter les frustrations et les crises inhérentes au fait de ne pas se faire comprendre.

NB : Alexandre a participé à notre colloque « La place du sport dans nos établissements » du 25 septembre 2024