Persuadés que la politique actuellement conduite par les pouvoirs publics aboutira nécessairement à terme à livrer le secteur médico-social au secteur privé à but lucratif,
Persuadés que la motivation du secteur privé à but lucratif est, par définition, le lucratif,
Persuadés que l’appréciation portée sur l’activité développée et ce, quels que soient les items contenus dans les grilles d’évaluation, se jugera essentiellement à l’aune du montant du profit et non à la mesure de la qualité de l’accompagnement mis en oeuvre auprès des personnes en situation de handicap,
Persuadés qu’il n’est d’autre recours pour les associations, fédérations, fondations, que de s’unir urgemment, de se saisir de ce temps de refonte de la loi, voire d’en exiger le retrait, afin d’interdire la confiscation du secteur médico-social, de son histoire, de ses valeurs, au bénéfice … des bénéfices,
Persuadés enfin qu’un jour prochain des bénévoles militants, des familles, des professionnels, viendront nous demander des comptes sur notre inertie, devant qui nous devrons reconnaître non pas notre incapacité à contenir l’avancée d’un secteur privé, impatient d’investir après d’autres secteurs, celui du handicap mais bien, inexplicablement eu égard à notre motivation fondamentale, de n’avoir rien tenté, de ne pas, nous les associations, nous être associées pour empêcher que les personnes en situation de handicap ne deviennent le fond de commerce d’un secteur marchand plus préoccupé de profit que de service au public.
Nous affirmons qu’il faut sans attendre:
- s’associer pour dénoncer les basses manoeuvres dont les personnes accueillies sont aujourd’hui l’objet,
- s’associer pour que tous les gains du passé ne soient pas tout simplement balayés,
- s’associer pour que les usagers, ces grands blessés du narcissisme, comme les nommait le docteur Tony Lainé, soient encore et toujours au centre de tous les projets,
- s’associer pour exiger que les conditions de travail de tous les salariés ne cessent de s’améliorer,
- s’associer pour condamner la marchandisation du secteur,
- s’associer pour rappeler qu’une démocratie est aussi jugée sur sa façon de traiter les minorités et singulièrement les minorités les plus défavorisées,
- s’associer pour démontrer que les associations sont bien nommées et qu’elles n’ont pas l’esprit de clocher,
- s’associer pour faire savoir que s’associer, c’est prouver que seul compte l’intérêt des personnes accompagnées,
- s’associer pour ne pas avoir une activité totalement encadrée,
- s’associer pour ne pas devoir abandonner les principes éthiques longtemps médités et sans cesse réaffirmés,
- s’associer enfin pour pouvoir encore demain militer.
Militer pour le primat de l’attention, de l’écoute des résidents, des professionnels,
Militer pour la reconnaissance de la différence et de la singularité et pour que chacun, à sa mesure, recouvre l’exercice de ses pleins droits et devoirs de citoyenneté,
Militer pour un accueil respectueux de la personne dans des structures qui témoignent de ce respect,
Militer pour que son accueil, son accompagnement, sa protection et le soin qui lui est dû soient reconnus par la société toute entière comme un devoir de solidarité nationale, militer, en somme, pour plus d’humanité.
Alors nous, associations, fédérations, fondations, serons-nous capables de faire front, au delà de nos différences, aux dommages en humanité occasionnés par la bien nommée « économie de marché » ?
L’Etat a encore grand besoin de nous. Aussi, saurons-nous en profiter pour défendre les intérêts des personnes accompagnées ?
Si oui, il est vraiment grand temps de le démontrer.
COMITE D’ENTENTE DE L’ESSONNE