Faten Safieddine au Café Signes


Du 23 mai au 22 juillet, le Café Signes accueille Faten Safieddine, photographe.
Femme cosmopolite, libanaise d’origine, Faten Safieddine partage sa vie entre Paris et le Maroc. Elle a étudié l’archéologie, les Beaux Arts, et fréquenté les ateliers de gravure à Paris et à New York (notamment celui de l’artiste new yorkais Robert Blackburn). Elle a enseigné l’art et l’histoire de l’art, réalisé des films documentaires sur les artistes et le patrimoine marocains, est devenu journaliste et critique d’art. La dernière exposition de ses œuvres peintes date de 1982, au Palais de l’UNESCO à Paris. En novembre 2010, elle a proposé deux expositions photographiques au festival du Monde Arabe de Montréal dont elle est maintenant chargée du développement à l’international.
Née en Guinée mais envoyée dès l’âge de deux ans et demi dans un pensionnat de religieuses chrétiennes au Liban, isolée de son milieu familial, la petite élève musulmane a souffert douloureusement de cet éloignement familial et son œuvre en reste marquée.
Au pensionnat déjà, la nuit, les essaims de phalènes dans le halo des réverbères et les silhouettes mobiles et déformées que les phares des voitures faisaient apparaître sur les murs enfiévraient son imagination. Ainsi habillait-elle d’arabesques les murs qui l’emprisonnaient.
Elle n’a, depuis, cessé de tenir un journal visuel en photographiant avec fébrilité les jeux d’ombre et de lumière que nourrit le crépuscule, heure indécise où l’envers des choses apparaît, où les objets perdent leur consistance, où les reflets se multiplient, et « font de l’écorce du monde un vaste drame mouvant » (Elie Faure).
Faten Safieddine égare le spectateur dans une prolifération de miroitements qui induisent des illusions optiques. L’intrication des formes suscite une interrogation permanente sur ce qu’elle montre. Plusieurs interprétations s’offrent aux sens. Les plans se superposent. Le doute toujours règne. Que décider ? Que suivre ? L’art de Faten Safieddine est un art de nomade qui sait la vanité des choses, leur caractère fragile et changeant, leur impermanence.
Pierre-André DUPIRE, Directeur du CAE CAMSP JANINE LÉVY